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  • franck

Alfa Romeo : Renaissance du phœnix ou chant du cygne ?


Le 25 juin dernier, le groupe FCA a présenté en grande pompe la dernière née de la marque Alfa Romeo : La Giulia. Une berline attendue comme le messie, c'est un euphémisme, tant la gamme du constructeur s'est retrouvée réduite à sa portion congrue, avec pour seuls modèles grand public, une citadine (Mito) et une compacte (Giulietta). Une berline qui aura la lourde mission de relancer les ventes, devenue confidentielles, d'un constructeur resté dans les cœurs et les esprits, à l'image technique et technologique restaurée, au design salué, mais en grand manque de débouchés, et à la stratégie pour le moins singulière. Alfa Romeo a-t-il réussi son pari avec cette Giulia ?

Vous vous doutez bien qu'il est évidemment beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Seul le temps nous le dira. Mais nous pouvons déjà établir une analyse sur la base de la présentation et de la stratégie annoncée par Sergio Marchionne, patron du groupe.

Ce qui nous pousse au doute :

- Une stratégie déroutante : Une présentation retentissante, des déclarations à l'ambition particulièrement élevée, une machine présentée dans sa version la plus méchante, des objectifs de vente global de la marque à la limite du crédible (400 000 ventes) pour une marque réduite aujourd'hui à deux seuls modèles (car n’espérons pas que ces volumes soient atteints avec l'aide des 4C et 4C spider!). Les passionnés de cette marque mythique sont, malheureusement habitués à ce genre d'annonces : La 156 ne devait-elle pas signer (déjà) la renaissance de la marque (et elle est y est partiellement parvenue) ? Le trio 159/Brera/Spider ne devait-il pas se hisser « au niveau de qualité des modèles premium allemands ? Nous allions voir ce que nous allions voir....Et aujourd'hui, ce que nous voyons c'est une 159 retirée du catalogue, aux ventes confidentielles et même dénigrée par M.Marchionne qui nous annonçait il y a deux ans, qu'elle avait été une erreur !

Alfa Romeo est un peu à l'image de l'Italie, beaucoup d'approximations, un manque de discipline, mais d'incroyables coups d'éclat, et de réussites comme cette magnifique 8C competizione qui nous avait donné ce baume au cœur de croire à un retour en force d'une marque ayant marqué l'histoire du sport automobile.

- Le style Giulia en lui même : Son annonce avait été pourtant mené de main de maître. La marque a réussi à tenir en haleine pendant plus d'un an le public, et réussi l'incroyable pari de maintenir sa belle secrète jusqu'au dernier moment. La mayonnaise avait pris, le public avait été intrigué, accroché, curieux...Mais la déception à la découverte du modèle est à la mesure de l'attente suscitée...Que reste-t-il de l'héritage du style décalé et incroyablement latin d'Alfa Romeo ? Nous sommes en présence d'un modèle fade, qui (comble du sacrilège pour une Alfa Roméo), se contente de singer le style, jugé pourtant au mieux consensuel, au pire fade, de ses concurrentes allemandes (BMW en particulier) . Adieu finesse, bonjour lourdeur des lignes, proéminence des feux avant incroyablement étirés, ou encore arrière sans aucun relief. On ne peut pas dire d'elle qu'elle est laide (ce n'est pas vrai), on ne peut pas lui reprocher son manque d'identité alfa (la calandre y est pour beaucoup heureusement), et pourtant, il nous reste ce sentiment d'inachevé, ou pire de manque d'inspiration. Pourtant Dieu sait que le patrimoine de cette marque en est une source unique !

- Quid du réseau ? Une stratégie aussi ambitieuse ne peut que reposer sur des bases solides, c'est à dire un réseau bien implanté et susceptible de générer une prise en charge et suivi client efficace. Car c'est ce dernier point que retiendront les futurs clients. A quoi bon acheter un modèle s'il n'est pas épaulé par un large réseau ? Et il faut bien avouer que dans ce domaine également, le réseau de la marque est réduit à sa portion congrue ! Et que dire de pays comme les États-Unis, ou encore la Chine, où la marque prévoit de se déployer ?

Ce qui nous pousse à l'espoir :

  • Un nouveau groupe : Le monde automobile a aujourd'hui bien changé. Il s'est mondialisé et les constructeurs avec lui. L'ancien groupe FIAT, organisé comme il l'était et avec pour seul marché de prédilection les marchés européens et sud américains, ne se donnait pas vraiment les moyens de pouvoir se développer dans les meilleures conditions. Avec le rachat du constructeur américain Chrysler (ainsi que de Jeep, Dodge et consorts...),et le passage de FIAT Group à FCA, Sergio Marchionne a opéré une mutation du groupe salutaire et lui a donné les épaules un peu plus larges afin d'en asseoir la pérennité . D'ailleurs si les ventes d'Alfa Roméo sont en bernes et si la marque Lancia s'en est retournée dans le seul marché italien (alimentant au passage la crainte d'une disparition pure et simple), il n'y a pas que des mauvaises nouvelles pour le groupe. Au contraire ! Le chiffre d'affaire du groupe est en hausse, et dans le vert pour la première fois depuis longtemps, et ce, grâce aux ventes de Chrysler (qui marche bien aux Etats-unis) ou encore de Jeep, en forte croissance depuis le renouvellement heureux de leur gamme). De plus les ventes de Ferrari n'ont jamais été aussi florissantes, et sa prochaine introduction en bourse promet beaucoup. Enfin Maserati, quasi miraculé du groupe a lui aussi réussi son pari du changement et du retour en force. Comme quoi, le groupe FCA sait tout de même faire ! Mais le changement prend du temps et pérenniser sa place à l'international aussi : Ce n'est pas le groupe Volkswagen qui vous dira le contraire, quand on sait qu'il fallu pas moins d'une vingtaine d'années pour faire d'Audi ce qu'il est aujourd’hui .

  • Le plan produit : Il est vrai que dans ce domaine, nous restons encore dans le domaine de la fiction, mais la partition, à défaut d'être vérifiable, semble pour une fois mieux écrite que les précédentes. Alfa Romeo prévoit l'introduction de pas moins de huit nouveaux modèle d'ici 2018, dont une entrée dans le marché florissant des SUV avec pas moins de deux nouveaux modèles. Alors oui, ce marché est déjà encombré, et Alfa Romeo a du retard à l'allumage (c'est un euphémisme!), mais une arrivée tardive ne condamne pas pour autant à l’échec, en témoigne le range Rover Evoque ou autres Lexus....mais le gros point positif à retenir concerne la réorganisation du groupe. Alfa Roméo semble enfin avoir eu gain de cause auprès des dirigeant dans sa volonté de retrouver son ADN, et le détachement d'ingénieurs Ferrari au développement moteur Alfa Romeo, plus qu'un clin d’œil au passé (l’écurie Ferrari est issues d'Alfa Romeo pour faire court!), est surtout un symbole de l'âme retrouvée de cette marque. S'il n'est pas encore écrit (loin de là!), le futur semble, cette fois-ci sur de bons rails

  • Un modèle technique solide et une âme retrouvée ?: Alors oui, c'est vrai la révélation de la Giulia est une déception quant au style, mais il y a cependant des raisons de se réjouir du point de vue technologique. Tout d'abord concernant la plate-forme « Giorgio »,son nom de code, toute nouvelle et surtout renouant avec l'adn de la marque, à savoir la propulsion. De plus les annonces ont de quoi faire saliver, quant à cette Giulia quadrifoglio (puisque seule celle-ci a été présentée). Un moteur de 510 chevaux développé par Ferrari, un 0 à 100 km/h avalé en 3,9 secondes, une répartition des masses idéale de 50/50,un souci d’allègement du bolide avec l'emploi à foison du carbone, de l'aluminium, du composite ou encore du plastique afin de contenir le poids, donc accroître les performances. L'exemple de la 4C a de quoi susciter l’enthousiasme ! Un système nommé « Aero Splitter » permet une gestion active des appuis à haute vitesse grâce à une lame en carbone contrôlée électroniquement et située au niveau du pare-choc avant. Également, un vecteur de couple pour contrôler séparément le couple sur chaque roue.L’habitacle n'est pas en reste, comportant deux commandes principales :La première, l’infotainment et l’autre le mode DNA. Le compteur se hisse à 330 km / h, le bouton de démarrage rouge se situe au niveau du volant (comme sur une Ferrari!) et le carbone est omniprésent que ce soit sur le volant, le levier de vitesse ou le tableau bord. Enfin la longueur de l’Alfa Romeo Giulia est de 4,73 m et son poids est d’un peu plus de 1 500 kg.

Alors oui, cette Giulia nous a refroidi concernant son style, mais n'oublions pas que ce modèle n'est plus un modèle destiné au seul marché européen, il se devra de conquérir des marchés américains et chinois pour lesquels la légende Alfa Romeo ne veut pas dire grand chose ! Des pays où le style tout en latinité n'est pas un gage automatique de réussite. Rappelons que les goûts américains et chinois sont très éloignés des nôtres, et dans un marché à l'enjeu mondialisé, c'est un point dont il est impératif de tenir compte.C'est peut-être aussi l'occasion pour Alfa d'enfin pouvoir écrire le second chapitre de son histoire, ancrée cette fois-ci dans le XXI ème siècle, la modernité et d'abandonner le syndrôme nostalgique des temps anciens,glorieux mais révolus. Peut-être qu'avec cette voiture Alfa Romeo semble non seulement avoir retrouvé son âme mais aussi ses esprits....

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